Bien sûr, ce n'est pas le plus récent. Ce n'est pas celui qui fera venir le plus de monde, ni celui qui sera choisi par le Jury présidé par Emmanuel Carrère. Cette année, quatre beaux films très récents rivalisent dans la compétition long métrage du Festival "Quand les Russes nous étonnent". Fidélité de Niguina Saïfoullaeva, La grande poésie par Alexandre Lounguine, La mort vous va si bien de Boris Guts et Le taureau de Boris Akopov. Donc non, ce n'est pas "Je m'balade dans Moscou", filmé en 1964 par Guéorgui Danielia qui va retenir la lumière, pourtant c'est lui, notre chouchou.
A nos yeux en effet, ce film, qui a reçu en son temps le Prix Spécial du Festival de Cannes et qui raconte l'histoire de quelques amis, déambulant nonchalammant dans les rues de la capitale russe à la recherche du grand amour, a le grand avantage de nous replonger au coeur de Moscou. Le Moscou des années 1960, évidemment. Nous donc voici, baguenaudant avec cette insouciante jeunesse soviétique sur la Place Rouge en noir et blanc, dans les galeries du GOUM, sur les quais de la Moskova ou dans le métro... Les lieux les plus emblématiques de la capitale défilent dans cette comédie russe qui pourrait presque passer aujourd'hui pour un film documentaire. On y suit les principaux personnages, Kolya (interprété par un Nikita Mikhalkov tout jeunot !), Aliona et Vodolya à travers leurs pérégrinations jusque dans l’intimité d’un traditionnel appartement soviétique.
C'est donc l’occasion rêvée de faire un bond dans une époque révolue. Révolue... et pourtant encore si tenace dans l’imaginaire de beaucoup de Français. Pour bon nombre d’étrangers, Moscou est restée bloquée dans le temps, toujours fidèle à l’image de ce qu'on retrouve dans le film : des rues saturées de voitures soviétiques, des citoyens ne parlant pas un mot d’anglais, la grisaille qui transparait malgré la joie de vivre des protagonistes.
Si jamais vous étiez resté sur cette image désuète, c'est sûr : les Russes vont vous étonner. Car Moscou a terriblement changé ces dernières années. Avec ses larges trottoirs arborés, son mobilier urbain design, ses magasins par milliers, ses grosses voitures. Les plus beaux fleurons de l'architecture soviétique sont certes, toujours glorieux. Mais ils se mèlent désormais a tant d'immeubles récents. Moscou, plus grande capitale d’Europe avec 12 millions d’habitants, regorge toujours bien sûr lieux mythiques et historiques : le Kremlin, le Manège, le Bolchoï sont toujours là. Beaucoup de musées ont été parfaitement restaurés. Mais d'autres sites ont totalement disparu.
Ainsi le gigantesque hôtel Rossia, qui défigurait le centre ville tout en offrant, il faut bien le reconnaitre, une vue imprenable sur le Kremlin. En 2018, il a été complètement détruit et très avantageusement remplacé par le Parc Zariadié, un magnifique jardin public de 13 hectares où nos "Tours de ville" font d'agréables escales (particulièrement appréciables la nuit, quand les savants éclairages publics soulignent la beauté des façades en laissant dans l'ombre les espaces moins élégants).
Aujourd’hui, se balader à Moscou c’est s’extasier sur la diversité architecturale qui s’étend à perte de vue, visiter le Kremlin ou la Cathédrale Saint-Basile en envoyant instantanément un selfie à l’autre bout du monde grâce à l'excellent réseau Internet de la ville. A votre tour, venez vous balader à Moscou : la ville a tout pour vous étonner.
Rendez-vous vendredi 6 mars (11h) et le lundi 9 mars (13h30) à la salle Balzac pour cette petite parenthèse de cinéma soviétique ! Plus de renseignements sur le site officiel du festival.
Festival du film russe 2020
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