Raskholnikov est un étudiant qui vit dans la misère, et qui ne croit en rien. Il passe ses journées et ses nuits à arpenter les rues de Saint-Pétersbourg, mais ce n'est pas le touriste idéal : au coin des rues, il guette la misère, regarde en face les visages décharnés et les haillons, et, lentement, le désespoir le pousse à commettre l'irréparable. Mais ce qui compte, ce n'est pas son crime. C'est l'être qu'il devient après.
Rakolnikov © Kinopoisk.ru
Pauvre Akaki Akakievitch ! Gogol l'a condamné à une éternité de moquerie et de pitié. Anti-héros hautement comique malgré lui, petit homme sans ambition, gratte-papier insipide, c'est pourtant lui le personnage principal du Manteau. Il passe ses journées à recopier des documents officiels et à tailler ses plumes, et son unique objectif est de pouvoir s'acheter un nouveau manteau sans trous. Jusqu'alors, il s'était satisfait de sa vie, et se gonflait de fierté devant ses calligraphies ; mais un manteau neuf ! C'est pourtant ce manteau qui causera sa perte...
Léon Tolstoï voulait faire d'Anna Karénine un personnage diabolique, méprisable, condamnable. Mais comme le dit Kundera, les meilleurs romans sont ceux qui échappent à leur auteur, et Anna Karénine fait partie de ceux-là. S'il est impossible de la peindre mieux que Tolstoï lui-même, voici trois choses que nous retiendrons d'elle : ses boucles brunes qui repiquent doucement sur sa nuque au bal où elle rencontre Vronski ; ses épaules rondes qui se courbent devant son mari lorsqu'elle lui avoue son amour adultère ; ses larmes lorsqu'elle échappe à la vigilance des employés et va voir son fils pour la dernière fois.
Adaptation cinéma par Joe Wright (2012)
Eugène Onéguine est un dandy dans toute sa splendeur : charmant, séducteur, élégant, riche, il s'ennuie à la campagne et trouve le temps bien long sans une compagnie féminine. Habitué au jeu des passions, il ne peut comprendre pas les sentiments purs et sincères que Natacha lui déclare dans une lettre, un des plus grands moments de la littérature russe. Prisonnier de son orgueil, il ne peut s'empêcher de séduire la sœur de Tatiana, Olga, déjà fiancée à son meilleur ami Lenski, et provoque irrémédiablement leur perte, dans un jeu de miroir avec le véritable destin de Pouchkine qui périt dans un duel fatal. 
Adaptation à l'Opera de Marseille (2019)
Oblomov est un philosophe. Atteint d'un syndrome de procrastination aiguë, il n'est jamais mieux que dans son lit, bien au chaud sous son bonnet de nuit. Il préfère vivre dans les rêves de son enfance idyllique plutôt que d'affronter la réalité et son lot quotidien de petits dérangements. Il n'a qu'une ambition : faire corps avec son bien-aimé divan. Même son amour pour Olga, qui le trouble et lui donne un temps assez de force pour se lever, n'arrive pas tout à fait à le détourner de son indécrottable apathie. « Quand prenons-nous le temps de vivre ? » dit-il à ses amis qui s'activent tout autour de lui. Et s'il avait raison ?
*Le Globe est une librairie spécialisée sur la Russie.
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